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Les pratiques addictives

Ce qu’il faut retenir

Les pratiques addictives peuvent avoir des conséquences sur la santé et la sécurité des salariés. Certaines conditions de travail peuvent également favoriser leur survenue. Il convient donc d’inscrire ce risque dans le document unique et d’élaborer une démarche de prévention collective associée à la prise en charge des cas individuels.

L’alcool, le tabac, les médicaments psychotropes et le cannabis sont les substances psychoactives les plus consommées chez les travailleurs. Les consommations existent dans tous les secteurs d’activités et dans toutes les catégories professionnelles. 

Les pratiques addictives ont des origines mixtes, liées à la vie privée, mais aussi à la vie professionnelle. En effet, le travail a un effet paradoxal vis-à-vis des consommations de substances psychoactives. Alors qu’avoir un emploi peut être protecteur vis-à-vis des pratiques addictives, certaines conditions de travail peuvent favoriser la consommation de substances psychoactives : pots ou repas d’affaires avec boissons alcoolisées, travail en contact avec le public, travail avec horaires atypiques, port de charges lourdes, ambiances thermiques…

Les consommations de substances psychoactives, même à faible dose, comportent des risques pour la santé (dépression, dépendance, cancers…) et la sécurité des salariés :

  • le risque d’accident du travail grave est multiplié par 2 chez les hommes consommant au moins 4 verres d’alcool par jour, et chez les femmes consommant au moins 2 verres par jour,
  • conduire sous l’emprise de l’alcool multiplie par 17,8 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel,
  • conduire sous l’emprise du cannabis multiplie par 1,65 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel.

Aussi, au vu des niveaux de consommation, des conséquences et des liens pouvant exister avec le travail, il est nécessaire d’inscrire le risque lié aux pratiques addictives dans le document unique et d’élaborer une démarche de prévention collective associée à la prise en charge des cas individuels. 

L’implication de l’ensemble des acteurs de l’entreprise est recommandée à travers, notamment, le Comité social et économique (CSE)  Le service de prévention et de santé au travail. est un acteur important puisqu’il a pour mission de conseiller l’employeur, les travailleurs et leurs représentants en matière de prévention des consommations d’alcool et de drogue sur le lieu de travail.

A titre d’exemple, les mesures de prévention peuvent porter, entre autres sur :

  • la prévention des facteurs liés au travail favorisant les consommations de substances psychoactives ;
  • l’encadrement de la consommation d’alcool dans l’entreprise ;
  • l’organisation des secours face à un salarié présentant un trouble du comportement ;
  • des actions de formation, d’information des travailleurs sur les risques liés aux pratiques addictives, les aides possibles, la réglementation en vigueur…

Effets sur la santé et la sécurité

Baisse de vigilance, de concentration, dépression, hypertension, cancers, accidents… Consommer des substances psychoactives, même occasionnellement, présente des risques pour la santé et la sécurité des usagers.

Les consommations de substances psychoactives peuvent avoir pour objectif de compenser un stress ou une anxiété, de soulager une douleur chronique, ou de favoriser le lien social. Toutefois, les substances psychoactives présentent des risques pour la santé et la sécurité des usagers, y compris pour les consommations occasionnelles.

Alcool

Effets sur la santé

Pour l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)  « … l’alcool est une drogue, une molécule cancérigène et toxique pour de nombreux organes dont la toxicité est relayée en partie par son métabolite, l’acétaldéhyde. Sa consommation est responsable directement ou indirectement d’une soixantaine de maladies … Les effets de l’alcool sur la santé dépendent de la quantité et de la fréquence des consommations ainsi que du profil des consommations (épisodique, chronique). La consommation d’alcool est responsable d’une morbi-mortalité importante et constitue un des principaux facteurs responsables de la perte d’années de vie en bonne santé. Le risque de morbi-mortalité lié à l’alcool est plus élevé chez les femmes comparativement aux hommes »  

Les effets de l’alcool peuvent apparaître dès le premier verre. Outre la phase d’euphorie, la consommation de boissons alcoolisées est responsable d’une diminution de la vigilance, des réflexes et de modifications de la vision (réduction du champ de vision et de l’acuité visuelle). De même, un effet désinhibiteur rend le sujet familier, voire violent, et entraîne une prise de risque (conduite dangereuse de véhicules…). Enfin, plus le nombre de verres consommés augmente, plus le risque de coma éthylique est important.

La consommation répétée d’alcool peut s’accompagner d’une dépendance à cette substance, de dépression, d’hypertension artérielle, d’insuffisance cardiaque, d’accidents vasculaires cérébraux, de crises convulsives, de cirrhose, de dénutrition, de cancers… L’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est classé comme agent cancérogène (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer.

Au sein de la population générale, en France, 41 000 décès sont dus chaque année à l’alcool.

Effets sur la sécurité

Accidents de la circulation : au volant l’alcool multiplie par 17,8 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel 

Accidents du travail : Actuellement, les seules données d’accidentologie au travail liée aux substances psychoactives concernent l’alcool.  Les résultats de l’étude de cohorte CONSTANCES, publiés en 2021, montrent que : 

  • Le risque d’accident du travail grave est multiplié par 2 chez les hommes consommant au moins 4 verres d’alcool par jour, et chez les femmes consommant au moins 2 verres par jour.
  • Le risque d’accident du travail grave est augmenté de 50 % chez les travailleurs (hommes ou femmes) qui consomment 6 verres ou plus en seule occasion, au moins une fois par semaine. 

Dans l’étude de cohorte CONSTANCES, les accidents du travail graves sont ceux qui engendrent des séquelles avec une incapacité permanente partielle (IPP).

Tabac et cigarette électronique

Le tabac est responsable de la survenue de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et de cancers (poumon, sphère ORL, vessie…). Il intervient également dans les maladies cardiovasculaires tels que l’infarctus du myocarde, l’accident vasculaire cérébral et l’hypertension artérielle. Au sein de la population générale, 75 000 personnes décèdent chaque année du tabac (source OFDT).

L’usage de la cigarette électronique est une aide potentielle à l’arrêt du tabac et un mode de réduction des risques du tabac en usage exclusif (Source HSCP). Si ce dispositif apparaît moins toxique que la cigarette classique, des études à long terme sont nécessaires pour en connaître les risques.

La nicotine, contenue dans le tabac et certains e-liquides, est responsable d’une forte dépendance.

Cannabis

Lorsque le cannabis est fumé, une euphorie et une sensation de bien-être apparaissent au bout de quelques minutes et peuvent durer plusieurs heures (2 à 10 h). Parfois, survient un état d’anxiété important, également appelé bad trip. Un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral peut également survenir.

Parallèlement, la vigilance, les réflexes, les capacités de mémoire et de concentration sont altérés. Ces effets peuvent durer 24 heures. Des complications psychiatriques peuvent également survenir (hallucinations, sentiment de persécution…) durant quelques jours.

Il est important de noter que les durées données ci-dessus sont variables en fonction de plusieurs facteurs. Le fait d’être un nouveau consommateur ou un usager chronique, le volume des bouffées, la quantité absorbée et la fréquence de consommation sont à prendre en compte. De même, les effets euphorisants peuvent être retardés et modifiés lorsque le cannabis est ingéré sous la forme d’un gâteau (space cake).

À moyen et long terme, la consommation régulière de cannabis peut être responsable de troubles impactant la mémoire et la capacité à prendre des décisions, de maladies cardiovasculaires ou pulmonaires et de cancers. Des complications psychiatriques peuvent apparaître avec, entre autres, une dépression, une perte de motivation et un isolement.

Au volant, le cannabis multiplie par 1,65 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel

Cocaïne

La prise de cocaïne peut procurer une euphorie avec une forte confiance en soi, une sensation de puissance intellectuelle et physique, ainsi qu’une disparition de la sensation  de fatigue. Néanmoins, des hallucinations, un trouble du rythme cardiaque et un infarctus du myocarde peuvent survenir. Enfin, une sensation de « descente » (anxiété, fatigue, irritabilité…) apparaît très rapidement à la fin des effets de cette substance psychoactive. La cocaïne est responsable d’une forte dépendance. Les complications liées à une consommation régulière comportent, entre autres, des troubles de la mémoire, une difficulté à maintenir son attention, de l’anxiété, une dépression et des pathologies cardio-vasculaires.

Médicaments psychotropes

Les médicaments psychotropes regroupent, notamment, les somnifères, les anxiolytiques et les antidépresseurs. Lorsque leur utilisation se fait en dehors d’une prescription médicale, leurs effets sur la vigilance, la concentration… ne sont plus contrôlés et peuvent être dangereux.Certains médicaments, qu’ils soient psychotropes ou non, sont susceptibles d’altérer les capacités de conduite. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a publié la liste de ces médicaments, reconnaissables grâce à un pictogramme décliné en 3 couleurs (jaune, orange, rouge).

Autres substances psychoactives

Héroïne

L’héroïne permet d’obtenir rapidement une sensation d’apaisement, d’extase et d’euphorie, puis survient une phase de somnolence. Ces effets durent quelques heures. Plusieurs effets secondaires sont notés dont : nausées, constipation, ralentissement des fréquences cardiaques et respiratoires, troubles du sommeil… Un surdosage peut être responsable d’un coma allant jusqu’au décès de l’usager. L’injection d’héroïne peut se traduire également par des complications infectieuses : abcès, septicémie, VIH, hépatites B et C. Enfin, cette substance psychoactive est responsable d’une forte dépendance.

Ecstasy

L’ecstasy est utilisé essentiellement en milieu festif. Ce stimulant permet d’obtenir rapidement un état d’euphorie et une diminution du sentiment de fatigue, tandis que les contacts avec autrui sont facilités. Ces effets durent quelques heures puis peuvent donner lieu à un état dépressif et une grande fatigue. Parmi les effets secondaires, il est à noter l’apparition, 4 à 5 heures après la prise, d’une hyperthermie pouvant être fatale. A long terme, l’ecstasy peut être responsable de troubles de la mémoire.

Polyconsommation

La polyconsommation peut être définie comme la consommation, le plus souvent régulière, d’au moins 2 substances psychoactives. L’association la plus fréquente est celle de l’alcool et du tabac qui concerne environ 6 % de la population générale. D’autres polyconsommations existent : alcool – tabac – cannabis, ecstasy-cannabis, alcool-cocaïne…Dans ces situations, les effets des substances psychoactives peuvent se surajouter, accroissant ainsi les risques pour la santé et la sécurité du consommateur.

Addictions sans substance psychoactive

Certains comportements peuvent entraîner une dépendance. Ces addictions comportementales ont des mécanismes très proches des pratiques addictives basées sur la consommation de substances psychoactives.La dépendance aux jeux de hasard et d’argent est une des addictions comportementales les plus courantes en population générale, de même que la cyberaddiction, les achats compulsifs, les addictions sexuelles, les troubles du comportement alimentaire… Il existe, en milieu de travail, 2 types d’addiction comportementale : le workaholisme (dépendance au travail) et la technodépendance (internet, courriels, téléphone portable…).

Workaholisme

Le terme de workaholisme existe depuis les années 70. Mais déjà au début du XXe siècle, la « névrose du dimanche » était décrite par un élève de Freud. Les travailleurs workaholiques ont peur de l’inactivité, qui les met face à leurs émotions et à leurs angoisses. Ce sont également des personnes en recherche de défis permanents : un travail hyper-sollicitant leur procure dans un premier temps plaisir et satisfaction, mais à terme les rend dépendants.Le workaholisme peut entraîner des conséquences sur le travailleur lui-même et/ou sur son entourage professionnel ou familial. Il peut être à l’origine de stress, de symptômes de surmenage et d’épuisement professionnel pour le travailleur. Le workaholisme peut générer une pression professionnelle exagérée pour les collaborateurs.Longtemps attribué à la personnalité des individus, il est cependant important de ne pas négliger le contexte organisationnel dans la survenue de ce type d’addiction comportementale. Une culture de l’excellence et/ou de l’efficacité à tout prix, des objectifs fixés trop élevés, l’usage exponentiel des technologies de l’information et de la communication ou des contextes particuliers de précarité professionnelle (menace de fermeture d’entreprise, plan de restructuration, fusion d’entreprise avec réduction de personnel, travail temporaire et recherche de stabilité professionnelle…) peuvent également être à l’origine de ce phénomène. 

Technodépendance

L’usage professionnel des technologies d’information et de communication (TIC) est maintenant courant dans les entreprises. Ces outils technologiques permettent un gain de temps lors de la réalisation de certaines tâches : échanges de données, recherche d’information, messagerie électronique, outils de gestion et de transactions commerciales…Toutefois, chez certaines personnes se développe une dépendance à ces technologies. L’apparition de troubles musculosquelettiques, de perturbation du sommeil et de problèmes relationnels est relevée dans plusieurs études. En milieu de travail, l’utilisation d’outils de communication mobile (smartphones, ordinateurs portables, applications numériques…) peut rompre la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Enfin, d’après une expertise collective menée en 2011 par l’Inserm et l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux), téléphoner tout en conduisant – avec ou sans kit mains libre - multiplie par 3 le risque d’être impliqué dans un accident matériel ou corporel.

Prévention

Les actions de prévention portent sur les facteurs liés au travail favorisant les consommations, l’encadrement de l’alcool, la procédure à suivre en cas de trouble du comportement et la formation des travailleurs.

Les consommations de substances psychoactives (alcool, tabac, cannabis…) qu’elles soient occasionnelles ou répétées, comportent des risques pour la santé et la sécurité des salariés. De plus, certains facteurs liés au travail peuvent favoriser les pratiques addictives.Il est donc nécessaire d’inscrire le risque lié aux pratiques addictives dans le document unique et d’élaborer une démarche de prévention collective associée à la prise en charge des cas individuels.L’élaboration de la démarche de prévention doit se faire dans un esprit de concertation, d’accompagnement et de soutien.

Démarche de prévention

Concertation

D’une entreprise à l’autre, la perception et l’impact du risque lié aux pratiques addictives peut être différent. Aussi, la réussite d’une démarche de prévention nécessite l’implication de l’ensemble des acteurs de l’entreprise à travers, notamment, le Comité social et économique (CSE).

Si nécessaire, il peut être décidé de constituer un groupe de travail piloté par l’employeur, ou son représentant, regroupant des membres des instances représentatives du personnel, des membres de l’encadrement et du service des ressources humaines, des salariés et des membres du service de prévention et de santé au travail.

Pour mémoire, le service de prévention et de santé au travail est le conseiller de l’employeur, des travailleurs et de leurs représentants afin de prévenir la consommation d’alcool et de drogue sur le lieu de travail (article L. 4622-2 du Code du travail). A ce titre, il est pleinement impliqué dans la démarche de prévention.

Pour mener à bien la concertation, il est fortement conseillé que chaque participant bénéficie d’un apport de connaissances sur les pratiques addictives : niveaux de consommation en population générale et en milieu de travail, effets sur la santé et la sécurité, facteurs de risque, lien travail – consommation, bases de la réglementation… Ceci permet à chacun de corriger les idées fausses et de faire tomber les tabous sur ce sujet.

Enfin, il peut être nécessaire d’être accompagné par une ressource externe telle que la Caisse régionale d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat), l’Agence nationale ou régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact, Aract), un intervenant en prévention des risques professionnels (IPRP) externe, un addictologue, une association spécialisée, un consultant…

Évaluation du risque lié aux pratiques addictives

Dans le cadre de la concertation entre les acteurs de prévention de l’entreprise, il est nécessaire d’évaluer le risque lié aux pratiques addictives et de l’inscrire dans le document unique.

Des indicateurs quantitatifs ou qualitatifs peuvent aider à l’évaluation de ce risque et le suivi des actions de prévention. Certains sont spécifiques aux pratiques addictives, d’autres non. A titre d’exemple et de manière non exhaustive, les indicateurs peuvent être :

  • existence de pots, repas, congrès, séminaires… où sont présentes des boissons alcoolisées,
  • existence de postes de travail participant à la fabrication, la vente ou la distribution de substances psychoactives (dont l’alcool),
  • existence de postes avec horaires atypiques (travail de nuit, le week-end, horaires fragmentés…),
  • existence de postes avec un nombre important d’heures de travail (exemple : plus de 48 h par semaine),
  • existence de postes de travail en contact avec le public,
  • existence de postes de travail exposant au froid ou à la chaleur,
  • existence de postes de travail en extérieur,
  • données anonymes du service de santé au travail sur les niveaux de consommation dans l’entreprise et leurs impacts,
  • existence d’une alerte de la part du médecin du travail relative aux pratiques addictives,
  • fréquence des visites médicales à la demande de l’employeur pour un problème supposé en lien avec une consommation de substance psychoactive,
  • données anonymes du service social du travail sur les sollicitations pouvant être en lien avec une consommation de substances psychoactives,
  • fréquence de déclenchement de la procédure « Troubles du comportement »,

D’autres éléments peuvent également être pris en compte :

  • existence de postes de travail avec activités dangereuses : conduite de véhicules ou de machines dangereuses, travail en hauteur, manipulation de substances chimiques, port d’arme…,
  • résultats de l’évaluation des risques professionnels connus pour favoriser les pratiques addictives : risques psychosociaux, risques liés à la charge physique de travail (TMS, lombalgies…), risques liés à l’organisation du travail (horaires atypiques, travail isolé…).

Mise en œuvre des actions de prévention

Après avoir évalué le risque lié aux pratiques addictives, il convient de décider et de prioriser les actions de prévention adaptées à l’entreprise en tenant compte, notamment, des avis du CSE et des conseils du service de prévention et de santé au travail.Il est également nécessaire de prévoir, à distance, une évaluation de ces mesures de prévention.Enfin, il est conseillé d’accompagner la mise en œuvre de ces actions par une communication auprès de l’ensemble des travailleurs.

Clés de réussite

  • Etre dans un esprit de concertation, d’accompagnement et de soutien. Ne pas être dans une logique de répression et de sanction
  • Préserver un dialogue social de qualité
  • Impliquer les représentants du personnel, les membres de l’encadrement et les acteurs de la santé au travail, avec appropriation de la problématique par la direction
  • Fournir les moyens de formation et d’information appropriés à tous les niveaux hiérarchiques de l’entreprise
  • Direction et encadrement doivent donner l’exemple : respect de la confidentialité, discrétion dans les interventions ou les mesures prises, organisation de « pots » sans alcool…

Exemples d’objectifs des actions de prévention

Les consommations de substances psychoactives ont une origine multifactorielle. Aussi, la prévention des pratiques addictives requiert une approche globale, qui peut nécessiter d’agir à différents niveaux dans le fonctionnement de l’entreprise. Les objectifs présentés ici le sont à titre d’exemple et ne sont pas exhaustifs.

Prévenir les facteurs liés au travail favorisant les consommations

De nombreuses études ont montré que les risques psychosociaux (RPS), , certaines organisations du travail (horaires atypiques…), les contraintes physiques (travail au froid ou à la chaleur, port de charges lourdes…)… sont impliqués dans les consommations de substances psychoactives. Il est donc nécessaire de s’assurer que ces risques ont été évalués et que les mesures de prévention sont adaptées. Il en est de même lorsque d’autres facteurs de risques sont également identifiés par les acteurs de l’entreprise.

Encadrer la consommation d’alcool

Le Code du travail encadre la consommation de boissons alcoolisées dans l’entreprise (article R. 4228-20). Pour mémoire, l’alcool présente des risques (voir la rubrique Effets sur la santé et la sécurité) :

  • pour la santé : dépression, dépendance, maladies cardiovasculaires, cirrhose, cancers, syndrome d’alcoolisation fœtale… L’alcool est responsable de 41 000 morts par an au sein de la population générale,
  • pour la sécurité : 
    • conduire sous l’emprise de l’alcool multiplie le risque d’être responsable d’un accident routier mortel par 17,8,
    • le risque d’accident du travail grave multiplié par 2 en cas de consommation hebdomadaire d’au moins 2 verres par jour chez la femme, ou 4 verres par jour chez l’homme.

Si, après évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, l’employeur autorise l’alcool sur le lieu de travail (exemple : lors d’un pot), les consignes minimales à respecter sont :

  • seuls le vin, la bière, le cidre et le poiré peuvent être proposés. Les quantités sont limitées à 1 ou 2 verres par personne présente, 
  • fournir systématiquement des boissons non alcoolisées,
  • mettre à disposition des salariés de quoi se restaurer afin de limiter le pic d’alcoolémie. Pour mémoire, 1 verre standard d’alcool augmente l’alcoolémie de 0,25 g/l, 
  • prévoir un délai suffisant avant la reprise d’une activité dangereuse ou la conduite d’un véhicule. Pour mémoire, 1 verre d’alcool standard est éliminé en moyenne en 1 h 30,
  • ne pas inciter les apprentis, les mineurs ou les femmes enceintes à consommer de l’alcool,
  • ne pas insister quand un collègue ne souhaite pas boire d’alcool,
  • rappeler la procédure à suivre en cas de troubles du comportement d’un collègue.

Les consignes à respecter pour la consommation de boissons alcoolisées sont à inscrire dans le règlement intérieur ou dans une note de service.

Organiser les secours face à un trouble du comportement 

Un salarié présentant un trouble du comportement est en danger : d’une part, il est dans l’incapacité d’assurer son travail en toute sécurité. D’autre part, il nécessite un avis médical urgent afin de traiter éventuellement une pathologie cérébrale (hémorragie, tumeur, accident vasculaire cérébral…), une intoxication (solvants, monoxyde de carbone, substances psychoactives…), une hypoglycémie…

Il est donc nécessaire que chaque salarié connaisse la conduite à tenir face à un collègue qui présente, de manière anormale, des troubles de l’élocution, des propos incohérents, des troubles de l’équilibre, une agitation, une euphorie, une agressivité, une indifférence à l’entourage ou une somnolence… 

Deux étapes sont à considérer : la prise en charge de l’urgence, puis le retour du salarié à son poste de travail.

Prise en charge de l’urgence
  • Alerte de l’employeur et des secours (sauveteur secouriste du travail, secours extérieurs…)
  • Arrêt de toute activité dangereuse
  • Suivre les consignes données par les secours extérieurs (SAMU, sapeurs-pompiers) : gestes de secourisme, surveillance durant l’attente de secours, voire transport de la victime vers un service d’urgence…
Retour du salarié dans l’entreprise

A sa reprise du travail, l’employeur reçoit le salarié pour faire le point sur l’évènement. Il est utile de rechercher, entre autres, des éléments sur lesquels des mesures de prévention sont à mettre en œuvre (organisation du travail…). Cet entretien se fait dans le respect de la vie privée et des informations relevant du secret médical.A l’issue, l’employeur peut demander un examen du salarié par le médecin du travail.  Cette demande doit comporter un document écrit, argumenté et basé sur des faits constatés.

Former, informer, sensibiliser 

La prévention consiste aussi à informer chaque salarié de l’entreprise sur :

  • les risques, pour la santé et la sécurité, liés aux pratiques addictives ;
  • le règlement intérieur de l’entreprise ;
  • la réglementation en vigueur : code du travail (obligations de l’employeur et du travailleur…), code de la route (alcoolémie autorisée, maîtrise du véhicule, peines en cas d’accident sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants), code pénal et code de la santé publique (usage et détention de stupéfiants) ;
  • le rôle du service de prévention et de santé au travail : conseil de l’employeur, des salariés et de leurs représentants en matière de prévention de consommation d’alcool et de drogues sur le lieu de travail ; suivi de l’état de santé (examen périodique, de reprise, de pré-reprise ou à la demande) ; adaptation du poste de travail ; orientation vers un réseau de soins ; préparation du retour du travailleur… le tout dans le respect du secret médical ;
  • le rôle des services sociaux ;
  • le rôle de l’encadrement : diffusion des mesures de sécurité, aide à un salarié en difficulté (orientation vers le médecin du travail ou les services sociaux, respect de la procédure à suivre face à un salarié dans l’incapacité d’assurer son travail en toute sécurité…) ;
  • le rôle des représentants du personnel ;
  • les aides possibles en dehors de l’entreprise : médecin traitant, adresses de consultations spécialisées les plus proches (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, consultation en centre hospitalier…), sites internet, numéros verts…
  • la procédure à suivre face à un salarié dans l’incapacité d’assurer son travail en toute sécurité ;
  • le respect d’autrui : les pratiques addictives ont une origine multifactorielle où l’environnement a un rôle qui ne peut être négligé. Aussi, il convient de ne pas apporter de jugement de valeur face à une personne en difficulté vis-à-vis d’une substance psychoactive et de se limiter aux faits constatés. 

Numéros de téléphone et sites internet d’information

Addict’aide : www.addictaide.fr

Alcool info service  : www.alcool-info-service.fr ou 0 980 980 930

Drogues info service : www.drogues-info-service.fr ou 0 800 23 13 13

Tabac info service : www.tabac-info-service.fr  ou 3989

CSAPA : centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie

Les CSAPA accueillent gratuitement toutes les personnes souffrant d’une pratique addictive. Ils assurent l’anonymat du patient qui le demande.La prise en charge dans les CSAPA est à la fois médicale, psychologique, sociale et éducative. L’entourage du patient peut également être reçu dans ces centres, de même que toute personne qui se pose des questions sur sa propre consommation.Les adresses des CSAPA sont notamment disponibles sur les sites Addict’aide, Drogues info service et Alcool info service.

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Date d'insertion: 29/07/2023

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