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Idée préventive risque ou qvtc du moment

À concept novateur, démarche de prévention innovante

Voyager en petits groupes et partager la même chambre, une tendance touristique à laquelle Paris répond désormais : le premier hôtel trois étoiles de la marque Yooma, basé sur ce concept novateur, vient d’ouvrir dans la capitale : les risques professionnels y ont été anticipés avec l’aide de la Cramif, bien en amont de l’arrivée des clients.

À quelques encablures de la Tour Eiffel, face à la Maison de la radio, en bord de Seine, le premier hôtel de la chaîne Yooma a ouvert ses portes à Paris au mois de mai. Son concept ? Proposer 106 chambres de deux à six lits, à partager en famille ou entre amis. Soit 434 couchages. Cet hôtel trois étoiles d’un genre tout à fait nouveau, doté également d’un restaurant, emploie 39 employés, auxquels s’ajoutent 15 personnes salariées du prestataire de nettoyage DeCa, chargées d’assurer le ménage des chambres et des parties communes de l’établissement.

Si le projet est en tous points novateur, la prévention des risques professionnels n’a pas pour autant été négligée. « Nous avons été sollicités plus de deux mois et demi avant l’ouverture afin de rédiger le document unique. Ce n’est pas si fréquent chez nos clients », relève Jean-Pierre Petitpas, consultant pour la société ConformExpertise. « Nous avons entamé le dialogue avec l’hôtelier et son prestataire de nettoyage très en amont du projet, au moment de l’élaboration des plans. Il est important que l’entreprise utilisatrice et l’entreprise extérieure travaillent de concert », confirme Christophe Debray, contrôleur de sécurité à la Cramif. Chacun apporte ainsi son expérience, qui profite à tous. Le document unique de DeCa a par exemple été inclus dans le nouveau document unique.

C’est que le fondateur de Yooma, Pierre Beckerich, affiche sa volonté de garantir une qualité de travail à ses futurs employés. « Pour éviter le turnover, fréquent dans le secteur, et offrir de vrais parcours de carrière », commente Emmanuelle Servy, directrice administrative et financière de la société Euragone Investment Management, propriétaire de Yooma.

Côté réception, le hall d’accueil conçu par le designer français Ora-ïto se veut moderne tout en intégrant différents points de prévention. « Par exemple, le comptoir d’accueil a été placé à une hauteur de 90 cm pour permettre aux réceptionnistes d’utiliser un siège assis-debout. Nous tenions à ce que l’aspect pratique et le confort priment sur l’esthétique », note Emmanuelle Servy. Un décrochage de la banque d’accueil a également été conçu pour rendre celle-ci accessible aux personnes en fauteuil roulant – aussi bien du côté client que salarié. Un tapis anti-fatigue en néoprène est également installé derrière la banque d’accueil.

Autre originalité de ce comptoir, il se prolonge par le bar. « En heures creuses, il y a toujours un binôme réceptionniste-barista dans le hall d’accueil. Un seul salarié n’occupe pas les deux postes en même temps. En revanche, les employés vont être formés à la fois au bar et à la réception pour pouvoir se prêter main forte, voire, pour ceux qui le souhaitent, changer de poste, afin d’éviter la routine et les tâches répétitives. Nous serons également attentifs à faciliter la montée en compétences des réceptionnistes vers le poste de barista puis de chef de rang », assure Emmanuelle Servy.

Faciliter le travail

La présence a minima d’un binôme réceptionniste-barista présente un autre avantage : éviter le travail isolé. « C’est un point important, alors que nous constatons des agressions de plus en plus fréquentes dans les hôtels en France. Pour compléter la sécurité, l’accueil est équipé d’une vidéo-surveillance permanente », explique Jean-Pierre Petitpas. Dans les périodes d’affluence, les équipes seront doublées pour atteindre quatre personnes.

ÉVITER LES GESTES INUTILES

Les lits doubles peuvent être séparés en deux lits simples dans toutes les chambres, le choix du client se faisant à la réservation. Mais l’idée est d’en garder certaines pour l’une ou l’autre des fonctions et d’éviter ainsi les manipulations et les gestes inutiles. « Nous déterminerons le nombre de chambres simples et doubles en fonction de la demande, nous sommes encore en période de test », explique Emmanuelle Servy.

Autre point de vigilance, à destination des personnels de réception travaillant la nuit : la mise à disposition d’une collation et d’un lit de repos pour se reposer avant de rentrer chez soi. Le service de transport de bagages en chambre n’étant pas proposé – des chariots sont mis à la disposition de la clientèle –, les réceptionnistes ne seront pas exposés au port de charges. Enfin, un logiciel de gestion hôtelière a été conçu comme une plate-forme à laquelle peuvent être intégrés d’autres logiciels, par exemple celui utilisé par le personnel d’étage pour connaître les chambres à nettoyer et faire savoir aux réceptionnistes celles qui ont déjà été faites. Objectif : faciliter le travail des uns et des autres.

Aux étages, des mesures ont été prises pour prévenir le port de charges par le personnel du prestataire de nettoyage. Sur recommandation de la Cramif, une aspiration centralisée a été installée ce qui évite de porter des aspirateurs. Des prises installées dans le couloir toutes les deux chambres évitent la manipulation de flexibles longs et suppriment les câbles électriques, ainsi que le risque de chute associé.

La tendance actuelle dans l’hôtellerie, concurrencée par AirBnb, est au développement de chambres familiales, entre hôtellerie classique et auberge de jeunesse. Il a été nécessaire de réfléchir à la démarche de prévention dans une situation atypique : celle du personnel d’étage travaillant dans des chambres comportant un ou deux lits superposés (lire l’encadré ci-dessous). « Nous avons adopté un système de plate-forme avec garde-corps. Ce matériel est pliable et donc facilement transportable sur les chariots de ménage et aisé à ranger dans les offices. Par ailleurs, le ménage des chambres et les changements de draps dans les lits superposés se fait toujours en binôme pour partager les charges lourdes et varier les tâches », remarque Emmanuelle Servy. Et les surfaces planes et à hauteur humaine du mobilier sont privilégiées pour faciliter le nettoyage. Quant aux lits doubles, ils peuvent être séparés en deux lits simples et coulissent sur rail, évitant les mauvaises postures pour passer l’aspirateur sous les sommiers (lire l’encadré page précédente).       

Par ailleurs, une lingerie a été installée à chacun des deux étages accueillant les chambres. Le linge propre y est directement livré par une société de blanchisserie prestataire, qui récupère également les draps sales, évitant ainsi les manipulations par le personnel d’étage. « Les salariés des entreprises extérieures doivent bénéficier de la même prévention que ceux du Yooma. Nous souhaitons tous travailler ensemble dans la durée », estime Emmanuelle Servy.

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Date d'insertion: 20/09/2022

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