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Innovation et santé et sécurité du travail - Une combinaison gagnante !

Afin d’encourager la prise en charge par le milieu et l’autonomisation des employés, on décentralisa le projet pour favoriser la prise de décision dans les ateliers de travail. Pour ce faire, des leaders étaient nécessaires et ils n’étaient pas faciles à trouver. Il fallait également briser l’indifférence et la résistance des travailleurs et des superviseurs. Dans un atelier de travail particulièrement difficile, le candidat choisi, un employé horaire, était l’un de ceux qui doutait le plus de la volonté de l’employeur de vraiment changer les choses. 

L’homme avait d’ailleurs un fort ascendant sur son équipe de travail et plus d’un craignait que ce choix mette le projet en péril. Malgré tout, on procéda à sa nomination. Quels ont été les résultats? À la surprise générale, cet atelier atteignit rapidement ses objectifs et fut à l’origine de nombreuses innovations, ce qui a permis au projet de faire tache d’huile dans toute l’entreprise.

De cet exemple, nous pouvons dégager les constatations suivantes :

  1. la résistance au changement n’est pas toujours un signal négatif de la part des employés;
  2. un leader naturel qui exerce un ascendant négatif sur son équipe de travail peut, si on lui en donne l’occasion, devenir un agent de changement important;
  3. les employés n’attendent qu’un signal pour s’approprier le changement et y participer;
  4. pour ce faire, on doit leur faire confiance et les impliquer;aller à contre-courant peut s’avérer gagnant et favoriser la génération d’idées.

La notion de prise en charge par le milieu

Depuis plusieurs années, les conseillers en gestion vantent les avantages de la participation des employés, l’élargissement de leurs tâches et la responsabilisation. C’est ce qu’on appelle, en langage de terrain, la prise en charge. D’ailleurs, l’orientation de la CSST n’est-elle pas de favoriser cette prise en charge par l’implication croissante des employés et des comités de santé et de sécurité ? Les normes internationales de santé et de sécurité du travail mettent également cet élément en évidence (voir ci-contre). De plus en plus, les accréditations internationales demandent que les employés participent à la détection des risques et à la mise en place de solutions et de programmes.

Les employés possèdent une expertise qui est largement sous-estimée. En effet, trop souvent on leur « parachute » des projets et de prétendues améliorations qui ont peu d’impact positif sur la productivité et la qualité de vie au travail. Pourquoi? C’est que ces projets sont parfois conçus par des intervenants externes et l’adéquation entre la théorie et la pratique n’a donc pas toujours été validée sur le terrain. Le volet santé et sécurité du travail permet de canaliser cette expertise terrain dans la bonne direction.

Attention, diront certains. N’avons-nous pas mis en place des initiatives de participation des employés, des projets d’amélioration continue, des groupes de discussion et la méthode 5S? Oui, mais dans quelle mesure a-t-on laissé les participants s’exprimer librement sur les améliorations à mettre en place? À ce sujet, une récente étude (Toulouse, Nastasia et Imbeau, 2007) a démontré que, parfois, le caractère directif de l’animation d’un projet d’amélioration continue (kaizen) peut fortement influencer la qualité de la participation des travailleurs. De plus, le manque de suivi dans l’application des solutions démotive les participants.

Des exemples concrets

Depuis quelques années, la CSST a mis en place un programme qui récompense l’innovation en santé et en sécurité du travail. Des centaines de projets, provenant de PME, de grandes entreprises et d’organismes publics, ont été soumis à des jurys composés de pairs et sont d’ailleurs fichés dans le site Web de la CSST. La plupart de ces innovations sont relativement simples. Cependant, le simple fait de mettre à contribution l’énergie des travailleurs pour régler des problèmes et des défis de santé et de sécurité est générateur d’un changement de culture. De ces centaines de projets soumis aux jurys depuis 2002, nous pouvons dégager quatre grandes tendances dans les sources de l’innovation :

  • projets qui visent la participation des travailleurs à l’identification des risques en milieu de travail;
  • projets individuels qui mettent à contribution l’expertise d’opérateurs à des postes de travail précis pour trouver de nouvelles solutions à leurs problèmes;
  • projets d’équipe qui impliquent plusieurs participants;
  • projets parrainés par l’employeur et favorisant des approches d’ingénierie.
  • Projets qui visent la participation des travailleurs à l’identification des risques en milieu de travail
  • Ce type d’innovation est probablement le plus significatif; c’est la raison pour laquelle il est étoffé de plusieurs exemples. Les projets qui favorisent la participation des travailleurs dans leur ensemble agissent comme un levier sur la force de travail. Ils contribuent à l’éclosion des idées et à leur partage. À titre d’exemple, signalons certaines des réalisations primées :
  • Entretien paysager 4 saisons : bonis accordés aux employés qui suggèrent des correctifs en vue de réduire les risques;
  • Mécanique POG : programme de motivation et de suivi des risques, qui comprend notamment des réunions hebdomadaires et divers moyens de sensibilisation aux risques sur une base continue;
  • Mines Inmet : implantation du programme FORRT (Formule d’observation de risques reliés à la tâche), qui permet aux travailleurs de rapporter les risques, de suggérer des solutions;
  • SFK Pâte : formulaire de déclaration de risques, qui comprend aussi un processus de cheminement de la déclaration;
  • Norampac Victoriaville : programme des facilitateurs; pour favoriser la prise en charge par le milieu, un facilitateur est désigné et formé pour repérer les risques du milieu de travail, conjointement avec les travailleurs; ce facilitateur agit comme coach dans son groupe.

Projets individuels qui mettent à contribution l’expertise d’opérateurs à des postes de travail précis pour trouver de nouvelles solutions à leurs problèmes

Faire appel à la personne qui effectue le travail depuis de nombreuses années permet de cerner l’étendue des problèmes de santé et de sécurité du poste de travail. Le génie n’attend parfois qu’un petit signe pour sortir de sa lampe et, dans certains cas, il donne même naissance à un brevet et à la commercialisation. Voici deux exemples :

  • Beaulieu Canada (Wickham) : un support pour couper les restants de fil a été conçu pour éviter les coupures aux doigts; depuis son implantation en 2007, cette solution très simple a permis d’éliminer les coupures; 
  • Pomerleau inc. : création d’un ancrage amovible pour balcon, toiture et structure; l’absence d’ancrage pour contrer les risques de chute posait problème lorsque les garde-corps ayant servi lors de la pose de la brique et des fenêtres étaient enlevés; un ancrage portant le sceau d’un ingénieur est maintenant utilisé.

Projets d’équipe qui impliquent plusieurs participants

La multiplication des intervenants permet très souvent aux idées d’éclore. Par ce moyen, des solutions exportables peuvent même être élaborées. Il est facile d’imaginer la fierté des employés lorsque leurs réalisations sont utilisées dans d’autres entreprises!

Excavation Loiselle : lors du perçage des conduites en béton, le travailleur devait monter sur la conduite pour percer un trou à l’aide d’une perceuse; cette manœuvre comportait un risque de chute et des contraintes ergonomiques; un prototype de support d’acier, ajustable au niveau du sol a été conçu pour recevoir la perceuse;

Falconbridge, fonderie Horne : le remplacement de pièces mobiles de 50 kg d’un broyeur était la cause de lésions musculo-squelettiques; en équipe, on a conçu un bras de levage articulé qui facilite le maintien en place des pièces pendant qu’on visse les écrous. Résultat : élimination des postures dangereuses et des risques de coincement.

Projets parrainés par l’employeur et solutionnés par des approches d’ingénierie

Bien qu’il soit impératif de favoriser la participation des travailleurs aux solutions novatrices, il arrive qu’une approche spécialisée soit la seule qui puisse être envisagée, compte tenu de la complexité du problème. Cependant, pour être appliquée par les employés une fois mise en place, la solution choisie doit avoir leur aval. Pour ce faire, il est nécessaire qu’ils soient partie prenante de l’identification des risques et, évidemment, des solutions proposées. En général, ce type de solution concerne la sécurité des machines et les approches ergonomiques complexes.

  • Cascades Groupe Tissu : après l’analyse des risques d’accidents à une machine à papier, il a été nécessaire de sécuriser la zone de travail pour empêcher l’accès aux pièces en mouvement; à cet effet, une enceinte a été installée et n’est accessible que par des portes à fermeture automatisée; des capteurs détectent également la présence d’un pont roulant. Ce projet complexe a nécessité une expertise technique poussée.

Récompenser les bonnes idées

De nombreuses entreprises mettent en place de controversés programmes de récompense reliés aux journées sans accidents. Ces programmes peuvent aisément être remplacés par un système qui récompense les bonnes idées qui mènent à des réalisations concrètes. L’exemple donné par la CSST mérite d’être suivi. Avec quelques ajustements et un peu de matière grise, il est en effet possible de mettre en place des incitatifs positifs en matière de santé et de sécurité. Si l’innovation passe par l’implication et la participation active des employés, il faut également souligner les bonnes idées et faire sentir aux participants que la prise en charge en vaut la peine. La chasse aux idées novatrices est maintenant ouverte!

L’innovation passe par l’implication

En matière de santé et de sécurité, une approche basée sur l’implication des travailleurs est une approche gagnante. Ce n’est pas sans raison que les principales normes internationales de même que la réglementation l’encouragent. Par exemple, pour obtenir l’accréditation OHSAS 18 001, l’article 4.4.3 exige que les employés soient : 1) impliqués dans le développement et la revue des politiques et des procédures de gestion des risques et 2) consultés lors de la mise en place de tout changement affectant la santé et la sécurité sur le lieu de travail.

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Date d'insertion: 29/07/2023

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