Initiatives santé et sécurité au travail

A Valberg, station des Alpes-Maritimes, le nombre d’habitants passe en moyenne d’un millier à 10 000 au plus haut pic de la saison… L’exploitation des remontées mécaniques nécessite donc une intervention continue des personnels, hiver comme été.

Dans un secteur encore très accidentogène, la mise en place d’actions pour lutter contre les risques professionnels est depuis de nombreuses années le fer de lance de Bernard DUCATI, directeur d’exploitation du domaine.

40 ans d’évolution sur les chutes de hauteur

Laurent CAMMAL, contrôleur sécurité Carsat Sud-Est, considère M. DUCATI comme précurseur dans la prévention des chutes de hauteur : « Dans les années 80, en tête de pylône des télésièges, il n’y avait pas de passerelle. Avec des mécaniciens seulement assurés par une simple corde... M. DUCATI a initié un important travail sur le sujet à Valberg ». L’effort a notamment porté sur l’installation de passerelles sur l’ensemble des pylônes des téléskis et des téléportés, Les harnais sécurisés ont été individualisés, intégrés aux sacs d’Équipement de Protection Individuelle (sur la photo, un harnais de sécurité sorti d’un sac EPI par M. BALARD). Des systèmes qui, ajoutés au renforcement des lignes de vie au droit des échelles d’accès sur les téléportés et au rajout de points d’ancrage en tête de pylône, ont grandement contribué à réduire le risque d’accidents.

Les potences de recâblage, équipant aujourd'hui presque tous les pylônes, ont aussi constitué une grande avancée dans les interventions sur les remontées. M. DUCATI se souvient : « à l’époque, quand ça déraillait, on coupait un arbre, on accrochait une poulie et on remontait le câble ! ».

Au premier rang des accidents du travail du secteur, les risques liés à la manutention manuelle ont également fait l’objet d’une attention particulière.

Génie civil et ingéniosité au service de la réduction des TMS

À son arrivée en 2001, M. DUCATI décidait d’installer une fosse à lests avec un palan électrique. Il s’agissait d’aider à la mise en charge physique de lests sur les télésièges (80 kg par place) lors des opérations de vérification du freinage.

Depuis 3 ans, un simulateur de charges électronique permet ce test sans lest réel, excellente avancée, selon M. DUCATI : « En 2019, un problème sur le frein d’un télésiège nous a obligés à recharger les lests en pleine nuit ! Alors qu’avec un simulateur, cela n’aurait pris que 30 minutes ! ». De ce fait, en 2022-2023, 5 appareils sur 7 fonctionneront avec ce dispositif. La Carsat encourage fortement ce type d’acquisition au regard du gain évident en matière de santé au travail.

La station s’est aussi équipée d'une plateforme permanente bi-saison à l’arrivée d’un télésiège, en partie financée par la Carsat Sud-Est. Utilisée hiver comme été, elle permet de supprimer les manutentions manuelles nécessaires au montage. Un ancien tapis roulant a aussi été récupéré afin d’être transformé en tapis d’embarquement glissant (photo ci-contre). Ces deux systèmes permettent par ailleurs de réduire les « coups de pelles » à donner pour maintenir ces dispositifs enneigés.

Dans l’idée de diminuer les TMS, les bidons d'Adblue (200 L) utilisés pour la maintenance des dameuses ont été remplacés par une cuve de stockage de 5000 L (photo ci-contre), acquise en partie grâce à la participation de la Carsat Sud-Est.

Enfin, voyant l’activité VTT se développer l’été, l’exploitation a investi dans des systèmes de porte-vélo sur les télésièges permettant d’embarquer les vélos sans les porter.

D’autres acquisitions ont eu pour objectif d’améliorer la sécurité des pisteurs secouristes.

Pisteurs secouristes : équipements et protocoles rigoureux

Sur certaines pistes, un câble attaché à un point d’ancrage tire une dameuse équipée d’un treuil (photo ci-contre). Cependant, ce câble tendu qui sort soudain de la neige représente un grand danger pour les pisteurs.

Afin d’éviter les accidents, plusieurs solutions ont été apportées :

• journée de sensibilisation ;

• radio cabine et radio portative pour le dameur ;

• panneau de signalisation à chaque entrée du domaine skiable ;

• panneau et gyrophare plantés au niveau de l’ancrage.

D’autres sont envisagées :

• panneau intermédiaire ;

• flash plus puissant ;

• ancrage fixe avec télécommande.

Un plan de circulation (itinéraires principaux de chacun), accompagné d’indications complémentaires, a aussi été mis en place pour éviter les collisions entre les différents véhicules. Ce protocole a vite été intégré aux pratiques, selon Guillaume BALARD, pisteur et responsable de la sécurité dans l’entreprise.

Du matériel spécifique est aussi fourni au personnel quand le poste le nécessite. Le casque « multiactivités », homologué aux normes motoneiges, travail en hauteur et ski, en est un bon exemple. « Sur le terrain, précise M. BALARD, nous sommes auto sensibilisés à cet équipement par les traumatismes crâniens sans casque que nous rencontrons sur les pistes ».